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mercredi 22 avril 2009

Pietro Citadi

« Elle avait besoin de sentir entre elle et l’image aimée la barrière infranchissable d’une page écrite, le message illusoire d’une lettre. Si, toute sa vie, elle avait joué la comédie, elle jouait désormais avec plus de passion, de génie, de talent. »

Pietro Citati, Brève vie de Katherine Mansfield [Rizzoli Editore, Milan, 1980], Quai Voltaire, 1987, pour la traduction française, page 71.

Poèmes d'Amour de Renée Vivien - Poète Saphyque

À la Femme aimée


Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.
Je tremblais.

De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
L’agonie et l’amour.
Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes

La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.
Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,

D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.

___________(Premier poème d’Études et préludes, 1901)


Le Toucher

Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches.
Voilé comme une femme, évoquant l’autrefois,
Le crépuscule passe en pleurant…
Et mes doigts
Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.
Mes doigts ingénieux s’attardent aux frissons

De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale…
L’art du toucher, complexe et curieux, égale
Les rêves des parfums, le miracle des sons.
Je suis avec lenteur le contour de tes hanches,

Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés.
Mon désir délicat se refuse aux baisers ;
Il effleure et se pâme en des voluptés blanches.

____________(Évocations, 1903)


Aveu dans le silence

Dans l’orage secret, dans le désordre extrême
Je n’ose m’avouer à moi-même que j’aime !
Cela m’est trop cruel, trop terrible… Mais j’aime !
Pourquoi je l’aime ainsi ?

L’éclat de ses cheveux…
Sa bouche… Son regard !… Ce qu’elle veut, je veux.
Je ne vis que de la clarté de ses cheveux…
Et je ne vis que du rayon de ce sourire

Qui m’attendrit, et que j’appelle et je désire…
O miracle de ce miraculeux sourire !…
Sa robe a des plis doux qui chantent…

Et ses yeux
Gris-verts ont un regard presque… miraculeux…
J’adore ses cheveux et son front et ses yeux…
Elle ne saura point, jamais, combien je l’aime

Cependant ! Car jamais ma jalousie extrême
Ne lui laissera voir, jamais, combien je l’aime !

____________(À l’heure des mains jointes, 1906)

Chair des choses



Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,

Je partage leur vie intense en les touchant,
C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant.
Car mes doigts ont connu la chair des poteries

La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours.
Ils ont connu la vie intime des fourrures,

Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l'ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.
Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.

Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,

Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses !
J'ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...

____________(Sillages, 1908)



Alcôve











"Alcôve " - Editions Edilivre de Nina Vivien














Mon récit autobiographique parle de la maltraitance parentale faite aux enfants ainsi que la découverte et l'acceptation de l'homosexualité.

Il vient de paraître sur le site edilivre.com, rubrique Psycho, sous le nom de Nina Vivien.

Vous pouvez le consulter et le commander directement sur ce site au prix TTC de 13€.

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Merci d'avance...

et en espérant que mon témoignage serve quelque peu aux enfant maltraités ainsi qu'à ceux qui vivent dans le silence. Ce silence qui parfois peut tuer....