Nombre total de pages vues

dimanche 27 novembre 2011

"La fin de l'Homme". L'essence des choses. Nina Vivien. Tous droits réservés


La fin de l’Homme.

Je n’ai plus envie d’attendre mon tour. D’être mise de côté.
Je n’ai plus envie d’être sage. De me laisser là, oubliée.
Je ne veux plus que mes larmes soient perdues. Seule dans un coin de ce monde qui n’écoute plus.
Je me fous de ce que vous pouvez dire de moi. De vos certitudes qui sont votre ignorance de tout.
Je ne veux plus voir, entendre, sentir, frôler… toutes vos horreurs quotidiennes.
Pourquoi tant d’innocents tombent, crèvent à vos pieds, rampent, s’accrochent, vous supplient… Pourquoi, pour qui ? Pourquoi nous condamner ainsi ? Pourquoi nous priver ainsi de notre propre liberté ? Qu’attendez-vous de nous ? Pourquoi décider pour nous ? De quel droit ? Pourquoi égorger des enfants ? Pour quelle religion ? Pour quel pays ? Pourquoi tout ce sang ? Pourquoi toutes ces guerres qui n’en finissent jamais ? L’Homme a fait tellement d’horreurs en ce monde que la nature se venge ! Que les animaux disparaissent ! Que la glace fond sous nos pieds ! Que la terre se fissure pour mieux nous engloutir en son sein ! Quand la terre gronde, c’est les Dieux qui pleurent. Quand la terre se fend, c’est les blessures qui saignent du sang du monde. Quand la neige fond, c’est les larmes des innocents qui reviennent. Quand les maisons tremblent, c’est les murs qui lâchent les cris des hommes et des femmes qui sont morts en ces lieux. L’horrible à plusieurs visages. La misère à plusieurs silences. La mémoire à plusieurs vies. Rien ne disparait vraiment. La vie se venge du mal des Hommes. Un jour, eux aussi pleureront, eux aussi crieront, eux aussi souffriront. Tous ces bourreaux. Tous ces violeurs de vies. Tous ces dictateurs. La Vie reprendra sa place, usée par les Hommes, par les hurlements, par les silences, par l’oubli, par les bombes, par les décapitations, par la folie, par la noirceur du ciel et de la terre, par les promesses jamais tenues, par ces corps sans vie couchés sous du fumier, par les mensonges, par la haine. L’Homme ne mérite pas son nom. L’humanité n’existe pas. L’Homme a fait de ce monde un vaste champ de putréfactions sous lequel des corps crient encore. Des larmes coulent encore. Encore et pour toujours. Oui, la nature reprendra sa place et elle poussera de nouveau. L’eau coulera tranquillement dans ses veines. L’Homme ne sera plus cette horrible chose.
L’homme partira dans les cris des autres.  

samedi 12 novembre 2011

"Le temps". L'essence des choses. Nina Vivien. Tous droits réservés


J'ai oublié mon passé ; je ne veux pas connaitre mon avenir.
Je suis dans cet instant où rien n'a d'importance, où la vie tout entière appartient à ce rien.
J'étais pressée ; je ne le suis plus.
Je n'avais le temps de rien, pas même d'aimer.
J'ai changé.
J'ai cherché.
Au détour de rencontres s'est bâtie mon histoire, durant laquelle j'ai retrouvé cette conscience qui m'avait échappée, des années durant.
Rien ne m'empêchait de trouver la douceur de vivre, partout où je passais.
Il suffisait de se rappeler qu'elle existait.
Alors, je l'ai attendue, provoquée, écoutée, sentie, aimée."

"L'arbre". L'essence des choses. Nina Vivien. Tous droits réservés


Il parait que la forêt symbolise la mère… C’est peut-être pour cela qu’elle m’a toujours fait peur ; que j’étouffe en ces lieux. Que je suis prisonnière de ces mains étranglantes.

Je caresse du bout de mes doigts l’écorce de cet arbre ; celle qui la protège de tous les caprices des saisons et des hommes. Il est seul au monde. Sa grandeur m’impressionne, mais sa solitude me rassure.


Comment fais-tu pour te tenir encore debout quand l’homme t’enlève tes fruits et tes fleurs, quand il brise tes branches, quand il te dépouille de toutes tes beautés ? Comment fais-tu pour vivre encore, sous les griffures des amoureux, laissant ta sève couler et se perdre à tes pieds ? La vie est-être plus belle du haut de ta tête ? N’es-tu pas triste de voir les misères de ce monde ? Entends-tu les cris, les hurlements, les canons ? De quoi sont faites tes racines pour te tenir ainsi et d’offrir inlassablement les mêmes merveilles à chaque printemps ? S’est-on déjà penché vers toi pour te conter les secrets les plus doux ?


Mon corps tout entier se pose sur toi. J’écoute le battement de ton cœur, le souffle de ta vie. Une larme vient de se poser sur ton écorce. Peut-être ressens-tu en ces instants ma douleur, mes envies de te dire…Je t’enlace comme on peut le faire d’un être cher, d’un qui n’est plus et qu’on a envie d’embrasser à nouveau. Sans ta présence je ne suis rien. Avec toi je suis bien. Heureuse d’un tel instant. Comblée. Je te bois comme un regard boit les contours.


Que d’hommes croient savoir ce qu’ils pensent et rient sans comprendre, oubliant tes beautés ! En volant chacune de tes feuilles, ne sachant respirer tes parfums jaillissant du sol.


J’ai envie de te dire en mots transparents tous mes secrets…

vendredi 11 novembre 2011

"Le diable rouge". Extrait. Concersation entre Colbert et Mazarin sous Louis XIV


Colbert : Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…

Mazarin : Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’Etat… L’Etat, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les Etats font ça.

Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?

Mazarin : On en crée d’autres.

Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

Mazarin : Oui, c’est impossible.

Colbert : Alors, les riches ?

Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

Colbert : Alors, comment fait-on ?

Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le derrière d’un malade) ! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable.

jeudi 10 novembre 2011

"La promesse". L'essence des choses. Nina Vivien. Tous droits réservés


Au seuil de ta mort, je t’ai fait la promesse de continuer à vivre.
Vivre pour toi qui pousse ton dernier cri.
Vivre malgré cette insoutenable vérité qui me donne envie de hurler jusqu’à la mort.
Je t’ai fait la promesse de ne jamais cesser de danser, comme nous le faisions ensemble.
Je t’ai fait la promesse de ne jamais me courber sous le poids de cette vie si violente.
Je t’ai fait la promesse de ne jamais cesser de rire, rire de tout et de rien, comme le font les enfants. 
De ne plus m’alourdir de la présence des mécréants.
De ne respirer que l’amour et la beauté des choses.
De ne plus m’enivrer de la douleur que l’on me fait.
Marcher, encore et encore, grimper encore et encore, courir, encore et encore.
Ne jamais m’arrêter jusqu’à mon dernier souffle.
De me battre pour les mal aimés, les tordus, les oubliés de ce monde. 
Je te devine là, tout à côté de moi.
Toi et ta folie qui me plaisait tant !
Nous, assis chaque matin à la table d’un café à Châtelet-les-Halles.
Toi et tes cigarettes que tu me glissais délicatement dans ma poche.
Toi et tes révolutions.
Tes envies de bouffer la vie.
Toi et tes amours qui te donnaient des ailes.
Toi et le mur de Berlin qui vient de tomber t’emportant avec lui.
Cela fait plus de 20 ans et je suis toujours là.
Tu le sais, tu me regarde de là où tu es.
C’est toi qui me donne la force de tenir mes promesses.

Je te resterai fidèle, mon ami, mon frère, mon amour....  

Je déteste cette « plénitude » injectée dans tes veines et qui a ravagé ton être tout entier.